Enfants et écrans: et si on cessait de se focaliser sur le temps?
«Juste encore 5 minutes!» Et si la limite de temps n’était pas la solution? Je suggère d’aborder l’accès aux écrans autrement que par un droit mesuré en minutes ou en heures.
La plupart des recommandations ou des outils de contrôles parentaux se définissent selon un critère de «nombre d’heures par jour». Bien que cette notion soit assez compréhensible, le temps étant la seule mesure facilement objectivable, son origine et son application sont souvent mal comprises.
En effet, lorsque les spécialistes de la santé et de l’éducation recommandent un temps maximal par jour, ce n’est pas parce que les écrans (quels qu’ils soient) deviendraient soudainement nocifs une fois la limite atteinte, mais parce que les enfants ont besoin de beaucoup de stimuli différents pour se développer adéquatement.
Les enfants qui passeraient «trop» de temps quotidien devant un écran ne disposeraient pas d’occasions suffisantes pour avoir accès à ce dont ils ont réellement besoin: interactions, manipulation dans l’espace, textures et formes différentes, etc.
Et si nous abandonnions cette idée du temps par jour? Ne voyez pas là une invitation aux portes ouvertes sans limites, mais plutôt une manière de reconsidérer l’accès aux écrans. Le temps passé devant un écran n’est jamais un critère clinique pour définir qu’une situation est problématique. En revanche, cette idée génère énormément d’angoisse, à la fois chez les parents qui se sentent démunis lorsque leurs enfants ne respectent pas le créneau prévu, et chez leurs enfants qui se sentent «incapables» de garder la notion du temps.
Les écrans étant captivants, il est tout à fait normal de se laisser surprendre. Lorsque nous demandons à des enfants de s’autogérer, nous leur demandons de remplir une mission impossible, pour laquelle ils ne sont pas encore outillés. Cela s’apprend progressivement.
Les recommandations de l’association 3-6-9-12.org, toujours d’actualité, mettent l’accent sur une approche conjointe et accompagnée selon les âges, mais pas selon des critères de temps.
Un cadre à réévaluer régulièrement Le cadre doit être régulièrement réévalué selon l’âge de l’enfant. Mon conseil est alors de ne pas faire des accès aux écrans un «droit» («Tu as droit à 1h par jour»), ni une récompense, mais un privilège, uniquement lorsque ce qui est attendu des enfants a été effectué. S’il reste du temps et que celui-ci est passé sur les écrans, la situation n’est plus préoccupante. Lorsque les parents sont rassurés sur le fait que leurs enfants vont bien et qu’eux-mêmes ont fait un travail parental suffisamment bon, alors l’angoisse se désamorce et le temps d’écran n’est plus un enjeu.
En résumé, les limites posées par les parents sont fondamentales, car les enfants ne sont pas encore en mesure de s’autogérer, mais, au lieu de se focaliser sur le temps, elles devraient plutôt se baser sur les attentes des parents envers les enfants, en termes d’hygiène de vie, d’occupation, de curiosité, d’ambiance familiale, de valeurs, etc.